Processus créatif - L'évolution de mon travail

Ma passion pour l'art a commencé par l'admiration que je portais enfant à mon père, qui fut un peintre de grand talent. Il a pratiqué la peinture étant jeune et a arrêté pour nourrir sa famille, se promettant de reprendre à 60 ans. Voici une de ses toiles, une reproduction du Radeau de la Méduse, qui est accrochée juste derrière moi pendant que je retouche mes photos.

Malheureusement, la maladie l'a emporté à 60 ans et quelques jours, et cet événement marquant pour moi m'a motivé à pratiquer une forme d'art "de mon vivant", ce que je fais avec ferveur depuis que je suis jeune. Après avoir été sculpteur dans ma jeunesse, j'ai moi aussi fait une pause car j'ai eu des enfants, et comme lui, j'ai voulu assurer pour ma famille. J'ai exercé plusieurs métiers en tant qu'entrepreneur, en particulier dans l'accompagnement en entreprise. En 2012, j'ai acheté un appareil photo conseillé par un ami, un 5D qui à l'époque était hors de prix, mais mon ami m'a dit ce jour-là "tu ne le regretteras pas". Et franchement, pendant 2 ans, je l'ai utilisé en mode automatique et je trouvais le résultat très décevant, les images étaient assez sombres avec une plage dynamique que je n'arrivais pas du tout à maîtriser. Et puis, pendant les vacances d'hiver 2013, j'ai eu un moment de pause professionnelle pendant lequel j'ai voulu me perfectionner en Photoshop, que j'utilisais depuis longtemps pour faire mes présentations en entreprise. J'ai acheté un abonnement à des tutos Elephorm et dans mon abonnement, il y avait accès à une formation à la photo studio. Cette formation a attisé ma curiosité et j'ai acheté du matériel d'entrée de gamme : deux flashs, quelques boîtes à lumière, et j'ai demandé à une amie de se prêter à mes premières expérimentations. Voilà mes toutes premières images :

Je ne sais comment décrire ce que j'ai ressenti en me rendant compte que l'on pouvait sculpter avec la lumière. Les images sont encore maladroites, avec des hautes lumières beaucoup trop importantes, mais l'émotion était folle. À partir de là, la passion était née. Ensuite, j'ai commencé à explorer différentes pistes avec des collaborations multiples et une volonté de retouche complexe, bien que parfois maladroite :)

Au fur et à mesure, je me suis équipé en matériel vers une professionnalisation de ma lumière, m'entraînant sans relâche à améliorer tous les aspects : prise de vue et surtout post-production.

Ensuite, ce qui a modelé mon travail, c'est la rencontre avec des stylistes et maquilleuses dans des projets passionnants. Je me suis vraiment amélioré et j'ai attiré plus de modèles et d'artistes pour collaborer et commencer à stabiliser mon propre style. Pour chaque modèle je cherchais la lumière parfaite, et cela m'a entrainé à m'adapter à beaucoup de situations et à retranscrire de très différentes ambiances par la lumière qui devenait petit à petit comme un langage. J'ai aussi rencontré un ami devenu un proche, Charles-Henri Blachon passionné depuis plus de 20 ans par la photo et qui m'a appris beaucoup de choses sur la lumière par nos journées amicales d'expérimentation.

Je commençais alors à avoir des émotions vraiment positives par rapport à ma propre production. Même si beaucoup me disaient que mes photos étaient trop "sucrées", trop kitsch, et que la post-production ce n'était pas de la vraie photo, j'ai continué. J'ai cherché encore et encore à vouloir représenter l'intérieur même de mon imaginaire.

Un jour, j'ai eu l'intuition d'acheter une formation d'un photographe que j'adore, Dimitri, et j'ai suivi ses tutos "photo picturale". Et je crois que c'est à ce moment que j'ai trouvé mon style. Tout d'abord, la colorimétrie orange/turquoise que j'adore tellement, mais aussi le perfectionnement de mes intégrations après des années d'effort. Quand je regarde mes travaux d'il y a 10 ans, c'est fou les progrès réalisés. Je me dis parfois que dans 10 ans, je verrai mon travail d'aujourd'hui avec la même tendresse ironique :)

Quand on fait de la photocomposition, je pense que la plus grande difficulté réside dans la recherche des bons fonds. J'étais abonné à Shutterstock et je passais des heures à trouver des images. Mais ce n'était jamais la bonne direction de la lumière ou les bonnes teintes, et ça demandait un travail de dingue pour l'intégration. Quand j'arrivais à trouver des fonds, c'était un ou deux au maximum. En "trichant" un peu, j'arrivais à sortir une dizaine de photos par shoot. Pour moi, faire beaucoup de photos fait partie de ma passion, car le shoot raconte alors une vraie histoire. Normalement, il faudrait partir d'un fond, comprendre comment il est éclairé et reproduire cela en studio, mais c'est tellement fastidieux que j'ai tenté de faire l'inverse. Partir de l'inspiration de l'ambiance des prises de vue et chercher des fonds en conséquence.

Dans ce parcours, Il y a eu un moment d'inflexion très important, la rencontre avec ma compagne Gwen. Elle est devenue véritablement ma muse, m'inspirant tant au niveau de nos nombreuses sublimes créations amoureuses que par la confiance qu'elle avait en moi, je dirais bien plus que j'en avais en moi-même. Encore aujourd'hui elle me soutient de manière inconditionnelle, croyant en ma professionnalisation depuis le premier jour.

Il ne me manquait qu'une chose pour vraiment libérer mon travail... Et c'est l'IA qui a réalisé ce rêve absolu. Créer autant de fonds que je veux, avec une approche très littéraire de l'écriture de prompts qui m'offrent un contrôle total sur le thème, les teintes, la lumière. C'est devenu l'outil ultime ! Ce fut la dernière étape de mon progrès pour arriver à mes productions d'aujourd'hui et surtout au nombre de photos par shoot ! Aujourd'hui, il m'arrive de faire 50 images par shoot, ce qui est incroyable par rapport au début. Nous reparlerons de l'IA d'ailleurs dans d'autres articles, c'est un sujet passionnant tant du point de vue technique, éthique que sociétal.

Cette passion photographique s'est vraiment imposée à moi, au départ comme un loisir créatif très enthousiasmant, et par l'évolution de mon travail je me suis posé beaucoup de questions pour me professionnaliser. Faire des photos de mariage ? Du packshot (photos de produits) ? De la mode ? Toutes ces options imposaient des contraintes qui ne me plaisaient pas du tout. Je voulais continuer d'être libre, continuer d'explorer la dimension artistique de mon travail plus que de la photo "utilitaire". J'ai donc choisi la voie très difficile de l'Art, ce site d'exposition virtuelle, des expos physique, des livres d'Art, des impressions. Une voie bien plus longue mais un vrai choix de liberté de création.

Voilà pour l'évolution de mon travail photographique. J'espère que ce partage sincère vous a inspiré.

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À bientôt,

Yohann